ValAsso – La société civile locale au service du management des territoires

Introduction / Contexte / Idée du projet

Les associations sont des organisations majoritairement à but non lucratif et sont regroupées, avec les coopératives et les fondations, sous différentes appellations telles que « Société civile », « Tiers secteur », « Economie sociale et solidaire », « Associationnisme » ou encore « Economie non monétaire ». Pour Ghelfi (2014a), les organisations à but non lucratif pourvoient aux demandes de populations, auxquelles ne répondent ni l’économie marchande, souvent en raison d’une absence de rentabilité à court terme, ni l’Etat qui n’a pas forcément la légitimité d’action dans des domaines ne concernant pas l’ensemble de la population, indépendamment des ressources que cela impliquerait. Ainsi, les associations présentes sur un territoire apportent des aménités sportives, culturelles, sociales, etc. qui concourent autant à la qualité de vie qu’au bien-être des populations.

Néanmoins, au-delà de ces apports, des menaces guettent les organisations de la société civile. Une étude de l’Office fédéral de la statistique de 2008 sur le travail bénévole observe en effet que l’« engagement bénévole dans des associations ou organisations est passé de 27% en 1997 à 24% en 2007 » (Office fédéral de la statistique, 2008, p. 1). A cela s’ajoute un manque de reconnaissance sociale vis-à-vis de l’investissement bénévole dans une société qui valorise avant tout la performance sur le marché du travail et la richesse monétaire que celle-ci est censée engendrer (Honneth & Hartmann, 2008). En outre, c’est surtout dans les fonctions de gestion de l’organisation (administration, encadrement, recherche de fonds, etc.) que les sociétés à but non lucratif peinent à se renouveler, conduisant à un vieillissement de ces structures à défaut d’une relève.

Objectifs

L’objectif de cette recherche était de co-concevoir avec des acteurs publics et associatifs, une « boîte à outils » permettant, d’une part, d’évaluer le rôle des associations dans le développement socio-économique régional et, d’autre part, d’en faciliter la gestion à l’interne et son encadrement par les collectivités publiques. La question de recherche était « comment évaluer le rôle des associations dans le développement socio-économique du territoire qui les abrite et comment les collectivités publiques locales peuvent-elles les encadrer pour bénéficier au mieux de leur présence ? »

Partenaires

En raison du nombre d’activités associatives de Val-de-Travers et au vu des objectifs énoncés par le conseil communal en relation avec le monde associatif, nous avons jugé cette commune comme un terrain d’observation scientifique intéressant pour notre recherche. Val-de-Travers est une commune du canton de Neuchâtel en Suisse. Avec près de onze mille habitants (OFS, 2014), Val-de-Travers est issue de la fusion en 2009 des communes de Noiraigue, Travers, Couvet, Môtiers, Boveresse, Fleurier, St-Sulpice, Buttes et Les Bayards. Les associations locales et les relations que celles-ci entretenaient avec leur administration communale respective ont donc inévitablement été concernées par ce regroupement administratif. La question du soutien aux sociétés locales a ainsi rapidement occupé le conseil communal (organe exécutif) de Val-de-Travers. En effet, le soutien aux associations locales figure dans les programmes de législature des périodes 2012-2016 et 2016-2020 et le Conseiller communal en charge des relations aux associations œuvre à la mise en place d’un mode de gestion particulier, davantage basé sur la prise en considération des besoins des associations et sur le développement de leur autonomie.

Méthodologie

Les méthodes de travail envisagées dans le cadre de ce projet de recherche ont été dictées par sa thématique, à savoir les liens entre les associations et le territoire sur lequel elles sont actives. Ces institutions émanent de la société civile, sont fortement inscrites dans un territoire donné et dépendent en partie de l’administration communale qui le régente. Ces caractéristiques imposent d’utiliser des méthodes de recherche qui tiennent compte de l’avis des acteurs concernés, non seulement parce qu’ils peuvent être considérés comme des experts dans leur domaine selon une perspective ethnométhodologique (Garfinkel, 1967), mais aussi parce qu’ils apportent une légitimité au projet et contribuent à son rayonnement en tant qu’ambassadeurs (Babey & Giauque, 2009, p. 82).

Afin de répondre à notre interrogation, nous avons conduit une recherche-intervention depuis juin 2015 à Val-de-Travers. Nous pouvons qualifier notre recherche de recherche-intervention, car nous menons des investigations approfondies (Krief & Zardet, 2013) sur notre terrain d’observation scientifique (Val-de-Travers) avec une réelle visée transformative (Savall & Fière, 2014). Notre objectif est de coconstruire avec les acteurs de la collectivité publique et du monde associatif des connaissances « à la fois scientifiques et utiles à l’action » (David, 2000, p. 10). La rigueur de notre méthodologie répond aux principes d’épistémologie intégrée en recherche-intervention. Nos prises de notes et nos relances lors des interviews semi-directives et des focus groups répondent au concept d’interactivité cognitive. L’interactivité contradictoire est assurée par l’alternance de notre recherche sur le terrain et en laboratoire, par l’effet miroir actionné lors de la présentation de nos premiers résultats et par la confrontation régulière des représentations des différents acteurs. Au travers de l’écriture de cette communication scientifique, nous nous sommes confrontés au principe de contingence générique en généralisant des connaissances issues du cas spécifique de Val-de-Travers et en les positionnant par rapport à la littérature.

Résultats

Au terme de ce projet, nous avons répondu à cette double question de recherche ainsi :

  • premièrement, nous avons identifié et clarifié le rôle et les impacts des associations au travers d’une recherche intervention et avons mis en lumière leurs apports dans le développement socio-économique ;
  • les retombées positives et négatives ont été regroupées par retombées économiques, individuelles et culturelles.
  • deuxièmement, les collectivités publiques doivent mettre en œuvre un management agile afin d’encadrer au mieux le monde associatif.

Valorisation

  • communication scientifique à un colloque (i1)
  • BAUDET, C. and HEIM, J. Pratiques managériales agiles des relations « collectivités publiques-associations »: diagnostic par une recherche-intervention, De la règle de droit aux nouvelles pratiques managériales dans les collectivités territoriales, paper, Paris, 2016
  • un chapitre d’ouvrage collectif (i2)
  • HEIM, J. (à paraître), Autoconstruction associative d’infrastructures ludico-sportive. In Tironi, Yuri, L’action communautaire en Suisse romande (titre provisoire), Lausanne, EESP, 2018
  • un article scientifique (en review – phase 2) dans un journal académique (i2)
  • BAUDET, C. and HEIM, J. Diagnostic des pratiques managériales agiles des relations collectivités publiques–associations, dans le cadre d’une recherche-intervention, Management & Avenir, review phase 2, 2018
  • un mandat avec une collectivité publique pour un accompagnement sur la création d’associations (Le Locle) ; (i6)
  • une communication de nos premiers résultats dans un article de presse locale ; (i4)
  • une communication sur notre projet dans un passage radio locale ; (i4)
  • une communication grand publique de plus grande envergure est en cours d’élaboration ; (i4)
  • d’autres pistes, dont un dépôt NPR, sont en cours de discussion avec la commune de Val-de-Travers pour la création d’outils de gestion spécifiques pour le monde associatif (i5).
  • un cours en B. Sc. en économie d’entreprise sur la stratégie du développement du territoire;
  • un sujet d’un travail de séminaire en M. Sc. en communication à l’Université de Fribourg pour l’une de nos assistantes de recherche ;
  • plusieurs travaux de B. Sc. en économie d’entreprise et en informatique de gestion.

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Rapport complet

Rapport synthétique

Chef de projet

Prof. Cédric Baudet

cedric.baudet@he-arc.ch