Quel avenir pour les monnaies ?

mardi 04 Déc 2018

Le 9 novembre dernier, se déroulait à Berne la quinzième conférence annuelle de l’Association suisse des experts en lutte contre criminalité économique (ASECE) sur le thème de l’avenir des monnaies.

Les représentants du monde bancaire, de l’économie et des services, du monde académique ainsi que de la poursuite pénale ont tour à tour apporté leur touche à une fresque qui au final a permis aux quelques 160 participants de mieux comprendre les enjeux, opportunités et risques liés aux cryptomonnaies.

Après un mot d’introduction de la part des organisateurs Andreas Müller et Sébastien Jaquier (ASECE), Frank Kilchenmann, de SwissBanking, et Dominik Witz, de Swisscom Banking, se sont penchés sur la question des risques de blanchiment d’argent en matière de cryptomonnaies. Ils ont constaté que ces risques ne sont pas plus élevés, mais qu’ils s’illustrent simplement différemment. Ils relèvent en outre que le tracking des cryptomonnaies constitue sans doute un nouveau domaine d’activités pour les spécialistes en compliance.

Jean-Claude Rochat, de l’UBS, complète la perspective bancaire en rappelant qu’il n’y a en fait pas d’actifs derrière une cryptomonnaie. Il estime également que les risques d’utilisation criminelle des cryptomonnaies, par exemple pour le financement du terrorisme, sont limités parce que la masse monétaire en question est elle-même limitée. Pour terminer, il évoque quelques limites du système actuel, en particulier le challenge que représente le volume de transaction si l’on pense par exemple à la taille des blocks pour le Bitcoin.

Luca Brunoni et Olivier Beaudet-Labrecque de l’ILCE nous ont fait la démonstration par A + B que le bon sens est une arme puissante pour identifier les ICOs frauduleuses ou vouées à l’échec. Même si les outils se développent, permettant à tout un chacun d’investir, cela ne signifie pas que la nature intrinsèque de l’humain a changé. En effet, parmi les entrepreneurs qui démarrent des ICOs se trouvent également des moutons noirs ; des escrocs.

Alexis Roussel, fondateur et CEO de Bity, a apporté une touche détonante, mais forte intéressante au tableau qui se dessinait. Après la révolution de l’Internet, démocratisant les échanges d’informations au niveau mondial, l’essor du peer-to-peer, le développement de solutions cryptographiques et l’essor du e-commerce, la blockchain arrive à point nommé, alliant les forces du peer-to-peer et de la cryptographie.

Par la suite, Monika Molnar, de MME Legal, s’est intéressée aux pendants légaux du sujet. Son exposé, traitant de la blockchain et des smartcontracts dans le contexte du droit privé et du droit fiscal helvétique, a permis d’amener un précieux point de vue juridique sur la question. Elle a ainsi pu répondre à différentes questions évoquées lors des interventions précédentes.

Pour terminer, Daniel Nussbaumer et Markus Mächler de la Police cantonale zurichoise ont démontré l’impact mondial de la cybercriminalité en chiffrant les dégâts à plus de 600M$. Ils ont ensuite présenté plusieurs cas de fraudes concrètes liées à la blockchain, qui se sont en partie déroulées sur le territoire helvétique et qui ont fait l’objet d’investigations poussées de la part des spécialistes zurichois.